Les savates du Bon Dieu a reçu dans l'ensemble un accueil critique très favorable, se situant même dans les listes des meilleurs films de l'année des Cahiers du cinéma et des Inrockuptibles. Evidemment, les imbéciles n'ont pas aimé (notamment Télérama et Chronic'art, pour ne pas les citer). Voici donc un recueil des critiques glanées dans la presse écrite et sur internet classées subjectivement par ordre décroissant d'intérêt.
« Après «Noce blanche» et «L'ange noir», un mélo
prolo flamboyant. »
« Le cinéma français est réputé avoir les idées larges,
mais il n'a pas été fichu, pourtant, de faire une place
convenable à l'encombrant Brisseau. »
« son dernier film est éblouissant »
« un tableau presque pompier, une fresque instantanée et
insolente, d'une effronterie et d'une audace
vertigineuses »
« Les Savates du bon Dieu, film unique, comme taillé dans
les toiles conjuguées du réel et du lyrique, nous laisse ainsi
avec autant de mystère que de plaisir, rendus presque idiots
par l'avalanche des questions qu'il nous
pose. »
Olivier Séguret, « Un tableau de Brisseau », Libération, 8 mars 2000
« Brisseau, Moullet, deux noms de code pour ce
qu'on persiste encore à appeler « cinéma ». On
peut aimer d'amour la télévision, mais on ne peut vraiment
pas dire que ces deux-là en fassent. Ils voudraient qu'ils
ne pourraient pas. »
« Jean-Claude Brisseau ne s'intéresse qu'au
spectateur, du moins à ce qu'il en reste. Il ne sait faire
que des bons films. »
« [Les] Savates du Bon Dieu, sublime mélo
hollywoodien, à mi-chemin des Amants du Capricorne et de
la Comtesse aux pieds nus. C'est exprès. »
Louis Skorecki, « Le film », Libération, 3 juillet 2002
« Le film s'offre sans détours aux mille détours de son sujet. Il faut être Brisseau (ou Buñuel), c'est-à-dire un cinéaste hors normes, pour réussir ce genre de pari. Dans le monde étroit du cinéma d'auteur, il ne fait pas bon être hors normes. Buñuel en a bavé dans les trente dernières années de sa vie (alors que les choses étaient bien plus légères), et Brisseau se prépare bravement à deux ou trois dizaines d'années d'incompréhension. »
« Brisseau, rappelez-vous, c'est le nom de code pour «cinéma». Oubliez les guillemets, c'est juste pour faire joli. N'attendez pas de mode d'emploi pour vous coltiner les Savates du bon Dieu, il n'y en a pas. C'est juste une histoire d'amour entre un homme et le cinéma. Il ne connaît rien mais il aime Ava Gardner. Il ne connaît rien mais il aime Gary Cooper. Au bout de la rue, il leur fait signe. Va-t-il oser les embrasser ? »
Louis Skorecki, « Le film », Libération, 19 novembre 2003
« Jean-Claude Brisseau filme comme Fred pilote : toujours sur la corde raide, à la limite, en dérapage contrôlé. Plus de cinq ans après son bel Ange noir, c'est avec un filme fou qu'il revient. Un film alternativement épuré et surchargé, frôlant volontiers le grotesque pour atteindre souvent la grâce (ou la vérité, la vérité, la beauté, peu importe le mot), à sa manière unique dans le cinéma français, à la fois populaire et marginal, classique et expérimental. Sans peur. »
Erwan Higuinen, « Les savates du Bon Dieu », Cahiers du cinéma, n° 544, mars 2000, p. 30-31
Les savates du Bon Dieu, que les Cahiers écrivent par ailleurs « Les Savates du Bon Dieu » (décidémment, on ne saura jamais comment l'écrire), se trouve parmis le top ten des Cahiers regroupant les dix meilleurs films de l'année 2000 (en 10e position, alors que c'était évidemment le meilleur film de l'année). C'est le meilleur film de l'année pour Jean-Sébastien Chauvin, le troisième pour Emmanuel Burdeau, le septième pour Erwan Higuinen et fait partie des dix meilleurs films de l'année (par ordre alphabétique) de Baptiste Piégay. (« Cahiers du cinéma », n° 553, janvier 2001, p. 36-37)
« Les Savates du bon Dieu affirme un indéniable parti pris de mise en scène : explorer un rapport subliminal aux images, c'est-à-dire nous faire accéder, presque malgré nous, à une certaine perception du monde, à une impression hors du commun et qui le restera. »
Claire Vassé, « La pesanteur et la grâce », Positif, n° 469, mars 2000, p. 35 et 36
Dans le même numéro :
Photo de Fred (Stanislas Merhar) et Sandrine (Raphaële Godin, et non pas Coralie Revel comme l'indique par erreur la légende) à terre lors de l'émeute dans la cité.
Photo d'Elodie (Coralie Revel et non pas Raphaële Godin comme l'indique encore par erreur la légende) et Fred (Stanislas Merhar) après qu'elle lui ait dit qu'elle voulait le quitter.
« Les Savates du bon Dieu est un geste sans compromis, un film remuant par son contenu, son intransigeance sur l'état du monde et sa générosité fondamentale. La dignité bouleversante de Brisseau est ici de fondre dans la même démarche esthétique et politique, et de lutter contre la laideur du monde en y réinjectant un peu de la beauté qui l'a nourri. Il nous offre en outre avec Sandrine l'un des plus beaux personnages que nous ait donnés récemment le cinéma français. »
« Amère victoire », Les inrockuptibles, 07 mars 2000
Dans le n°270 de décembre 2000, Les savates du Bon Dieu est classé comme le 9e film préféré de la rédaction pour l'année 2000 (Classement au nombre de voix de tous les films cités dans les playlists individuelles) Serge kaganski le considère comme le 5e meilleur film de l'année.
Dans ce même numéro Jean-Claude Brisseau a été choisi comme Personnalité - Clé de l'année 2000 avec le commentaire suivant :
« les savates du Bon Dieu, mélodrame politique, film mal compris et mal reçu. On aimerait être "dérangés" plus souvent par des gestes artistiques aussi risqués et gonflés. »
« Les Savates du Bon Dieu est une comédie sentimentale qui est un film noir qui est un pamphlet social qui est une comédie burlesque qui est un mélodrame fantastique qui est au bout du compte un conte de fées, moderne et rebelle, distordu et imprévisible, mais immensément généreux. Et c'est cette générosité qui donne au film son élan, qui le rend si désirable. »
Jean-Michel Frodon, « Jean-Claude Brisseau filme un monde noir et joyeux », Le Monde, 8 mars 2000
« Bien des choses, on le voit, sont dites par le mouvement, dans ce film. C'est ça, le cinéma. Et la magie : quelques amulettes se disposent de telle ou telle façon et la face du monde en est changée. C'est sans doute pour cela que ces Savates du bon Dieu peuvent être tant aimées de ceux qui ne croient pas qu'à la raison raisonnante. »
Emile Breton, « Les amulettes de Jean-Claude
Brisseau », L'humanité, 8 mars 2000,
http://www.humanite.fr/journal/2000-03-8/2000-03-8-221409
« A radical genre pastiche so far over the top that audiences should be issued oxygen masks, Jean-Claude Brisseau's extravagantly lensed, socio-romantic experiment "Workers for the Good Lord" is so bad it's good. From its exquisite naked young women and entertaining African fairy godfather, to the message that a life of crime can be expunged through luck, literacy and the love of a good woman, Brisseau's eighth feature is a controlled hodgepodge bound to rile some viewers and enthrall others. Although it fits in no known category, it's a must for anybody programming an "Only in France" film festival. »
Lisa Nesselson, « Workers for the Good Lord »,
Variety, 10 avril 2000,
http://www.variety.com/index.asp?layout=upsell_review&reviewID=VE1117915581&cs=1
« Dubbed The Wizard of Oz meets Karl Marx's version of It's a Wonderful Life, this film, directed by Jean-Claude Brisseau, is a wild, ludicrous comedy about an ill kind-hearted mechanic who becomes a bank robber. »
Jonathan Crow
AllRovi
Repris par The New York Times et MTV
Le petit Théâtre de Brisseau
« C'est une peinture naïe qui s'offre à nos yeux, au sens d'un art naïf, dénué d'artifice et spontané, qui prétend représenter les choses telles qu'elles sont. Par sa sincérité qui confine parfois au ridicule, elle pourrait nous désarmer. Mais le cinéaste, comme à son habitude, sollicite notre croyance en la fiction. Il teste notre foi de spectateur. Sommes-nous toujours capables de suivre une histoire, sans ironie ni arrière pensée ? Ou notre vanité nous empêche-t-elle d'être sciemment dupés ? Ici, le miracle se produit encore, mais seulement par instant. »
M. Merlet
http://www.fluctuat.net/cinema/chroniques/savates.htm
La cité solidaire de ses enfants
« On suit leur idylle champêtre, les menus larcins jusqu'à l'apogée, l'affrontement avec les flics au cœur de la cité. Quand il pleut de l'électro-ménager sur leurs voitures, alors qu'un providentiel carré de feu protège notre trio recherché, la cité parle enfin, solidaire de ses enfants. Les savates du Bon Dieu mélange tout cela dans un cocktail offensif où le côté justicier dans le Far Ouest des cités est magnifié, la cavale et la balade de la dépendance érotique confondues et le secret de fabrication jamais divulgué. Il n'appartient qu'à lui, à Jean-Claude Brisseau. »
Heike Hurst (Fondu au Noir-Radio libertaire)
Le Monde Libertaire, numéro 1197
« On est toujours au bord de se dire qu'il [Brisseau] en fait trop, que ça ne marchera pas, mais sa croyance en la magie cinématographique est telle qu'il peut tout se permettre et, miracle que ça nous emballe. A l'instar de Maguette, Jean-Claude Brisseau est un sacré sorcier : il touille dans la même marmite drame, bouffonnerie, comédie, conte, réalisme et romanesque. Et pour cause puisque Les Savates du Bon Dieu est une sorte de métaphore sur un monde qui n'a plus aucun(s) sens. »
http://portelat.multimania.com/cinematheque/savates.htm
Croire au cinéma, croire au spectateur
« Dans ces moments-là, Brisseau manifeste un réel sens du mélodrame, une profonde compréhension de l'homme et une véritable croyance dans le cinéma populaire. Paradoxal et attachant, son film est le reflet du rapport étroit qu'il entretient avec un septième art qu'il vénère et qui l'a rendu amer. Il serait malheureux que Les Savates du bon dieu soit sa dernière œuvre... »
Cécile Petit, David Lagain, The Dude
http://www.chez.com/bobine/num2/savate.htm
« réussit l'exploit d'égaler Le Mépris
durant les dix premières minutes »
« Au final, un drôle de film, qui commence comme du
Godard, et finit comme du Schulmann. »
Anthony
http://grosniqueurs.online.fr/dossiers/lessavates.html
« Marxiste, freudien et mystique, Brisseau a toujours
mitonné des fictions étranges qui radiographient simultanément
le social mal en point, l'amour fou, la transcendance...
Hélas, on n'entrevoit jamais dans ces Savates avachies
l'inspiration détonante de De bruit et de fureur (87).
Après un prologue prometteur, Brisseau erre longuement à la
recherche de lui-même et ne se retrouve jamais. On est
sincèrement triste pour lui. »
Oliver de Bruyn
Première, n°277
« Mais dès qu'il quitte l'enceinte de sa cité, c'est-à-dire très vite, le cinéaste s'embourbe dans la caricature la plus désolante. »
« A force de vouloir passer en revue les grands maux du
monde contemporain, Brisseau se disperse et sonne faux. Flanqué
de dialogues et de situations tellement naïfs qu'ils en
deviennent risibles, le film souffre surtout de sa diversité de
ton. »
Les savates du Bon Dieu sur Chronicart.com
Les savates du Bon Dieu de J-C. Brisseau - taux de satisfaction : 52%
Un conte assez invraisemblable, mais charmant, émouvant, presque romantique, et qui permet à de nouveaux jeunes acteurs français de se révéler au public.
« L'analyse des rapports à la violence y est juste, menée avec style, même si ce n'est pas le meilleur film de Jean-Claude Brisseau. Pour bon nombre de spectateurs, c'est intéressant mais pas assez abouti, parfois même immoral, et trop cliché. »